Le Dalaï Lama mérite un meileur accueil
Programmée le même week-end que les élections européennes et la finale de Roland-Garros, la visite du dalaï-lama en France, les 6 et 7 juin, pourrait presque passer inaperçue. Surtout depuis que la France et la Chine se sont officiellement réconciliées, reléguant à l'arrière-plan leur différend autour du Tibet. Après une conférence à Bercy sur le thème "l'éthique et la société" le dalaï-lama recevra une médaille de citoyen d'honneur des mains du maire de Paris, Bertrand Delanoë.
Le Dalaï Lama avait été fait citoyen d'honneur de la Ville de Paris le 21 avril 2008, au moment où les relations franco-chinoises connaissaient un sérieux refroidissement en raison des positions françaises concernant le chef spirituel des Tibétains. Quelques mois plus tard, en décembre, le président de la République, Nicolas Sarokzy, l'avait rencontré, provoquant l'ire de Pékin. Mais depuis une entrevue entre le président français et son homologue chinois Hu Jintao, le 1er avril, l'ardoise semble effacée. Un voyage en Chine du président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, y aura aidé. Ce qui n'a pas empêché Pékin, dans un communiqué publié le 7 mai, d'exprimer à nouveau sa forte opposition à la venue du chef spirituel dans la capitale, appelant Paris à "ne plus commettre d'erreurs au sujet du Tibet".
LE DALAÏ-LAMA "MÉRITE UN MEILLEUR ACCUEIL"
Le député UMP Lionnel Luca, président du groupe d'études sur le Tibet à l'Assemblée nationale, déplore que l'événement n'intéresse plus personne. "Ce n'est pas un enjeu pour les médias, car il tombe après les Jeux olympiques et les vingt ans de la répression sur la place Tiananmen." Du côté de la Mairie de Paris, l'équilibre est délicat. Sur l'agenda de M. Delanoë, disponible en ligne, on ne trouve aucune mention de la cérémonie censée commencer dimanche à 17 heures. L'entourage du maire explique qu'elle sera organisée en petit comité. Les groupes UMP, centriste et communiste au conseil municipal ont pour leur part annoncé leur intention de boycotter la rencontre. Jean-François Lamour, président du groupe UMP au conseil municipal, s'interroge en effet sur "l'opportunité d'un tel événement" alors que les relations entre les deux pays commencent à s'améliorer."Cet état de choses reflète la situation de la diplomatie en France : on ne sait pas sur quel pied danser. L'autocensure envers la Chine s'exerce à fond", déplore la sinologue Marie Holzman, qui participera à la rencontre entre le dalaï-lama et la communauté chinoise de Paris.
Lionnel Luca regrette pour sa part que le chef spirituel des Tibétains reçoive un accueil aussi ambigu : "Le dalaï-lama n'est pas un repris de justice, c'est un Prix Nobel de la paix. Il mérite un meilleur accueil."
Hélène Franchineau
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