AFP - samedi 6 juin 2009, 18h15
Le Dalaï lama à Paris pour devenir "citoyen d'honneur" de la capitale
Le Dalaï lama a dénoncé samedi la "condamnation à mort" dont est victime le Tibet en raison de la "politique dure" de Pékin, au début d'une visite de deux jours à Paris destinée à recevoir le titre de "citoyen d'honneur" de la ville, en dépit des pressions de la Chine.
Avec ce séjour, le chef spirituel en exil des Tibétains, bête noire de Pékin qui l'accuse de séparatisme alors qu'il affirme demander l'autonomie pour la province himalayenne, achève une tournée européenne durant laquelle il est déjà allé au Danemark, en Islande et aux Pays-Bas.
"Le gouvernement chinois mène une politique dure, mais le peuple chinois reste ignorant de la situation" au Tibet, a affirmé le Prix Nobel de la Paix, dénonçant une "censure sévère" de Pékin et un renforcement de la présence de l'armée chinoise depuis les émeutes anti-chinoises de mars 2008.
"Mon sentiment et mon inquiétude sont qu'une veille nation comme le Tibet, avec son héritage et sa culture, se voit imposer une condamnation à mort", a-t-il à la presse à son arrivée à Paris, réitérant sa demande d'enquête internationale.
"Il nous a semblé très pessimiste", a affirmé à la presse par la suite le président du groupe d'étude sur le Tibet à l'Assemblée nationale, Lionnel Luca, venus avec sept autres parlementaires, sur 170 membres que compte le groupe, s'entretenir avec le dalaï lama dans un hôtel parisien. Il a regretté des "pressions" d'autres députés pour les dissuader de le rencontrer.
"Beaucoup plient l'échine. Les démocraties, au lieu de plier l'échine devant les Chinois devraient, au contraire, avoir des exigences malgré les problèmes économiques", a dit le député UMP, venu avec sept parlementaires sur quelque 170 que compte le groupe Tibet.
Le Dalaï lama s'est lui dit "honoré" de recevoir dimanche la distinction de "citoyen d'honneur" de la ville de Paris. Décernée en 2008, la distinction lui sera remise par le maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë.
En dépit des foudres de Pékin, M. Delanoë a maintenu le rendez-vous, affirmant qu'il n'entendait pas renoncer à ses convictions.
Cette visite intervient à un moment délicat des relations entre la France et la Chine qui se remettent à peine de quatre mois de "brouille" consécutifs à une rencontre en décembre en Pologne entre le président Nicolas Sarkozy et le Dalaï lama qui avait ulcéré la Chine. Aucun rendez-vous avec le gouvernement n'est prévu.
Après avoir fustigé la rencontre présentée comme "privée" entre le dalaï lama et le Premier ministre danois Lars Loekke Rasmussen, la Chine a de nouveau menacé cette semaine les pays qui l'accueillent d'une "grave détérioration" de leurs relations avec Pékin.
Le Dalaï lama s'est également longuement entretenu avec une soixantaine de Chinois, dont de nombreux opposants et dissidents au régime communiste comme Cai Chongguo ou Zhou Qing présents aux cérémonies à Paris du 20è anniversaire le 4 juin de la répression du mouvement de contestation de Tiananmen.
"Ils nous a expliqué qu'il voulait une autonomie culturelle et spirituelle du Tibet, contrairement à ce que dit la propagande chinoise qui décrit les Tibétains comme un peuple d'esclaves asservis à un clergé tout puissant", a raconté à l'AFP Du Dong Dong, un étudiant en marketing qui assistait à la réunion.
"Il y a un sentiment très fort anti-Tibétain en Chine" en raison de la propagande chinoise, a dit Mathieu Ricard, porte-parole en France du dalaï lama.
Le chef spirituel des Tibétains doit rencontrer dimanche des compatriotes tibétains de France et donner une conférence sur le thème "Ethique et société".
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