in Tibet de Facto 1er Juin 2009
Deux frères évadés du Tibet impliqués dans les manifestations de l’année dernière contre l’autorité chinoise ont rejoint Dharamsala.
Tsewang Dhondup montre ses blessures lors de la conférence de presse. (Photo de Dhonyoe)
Tsewang Dhondup, 38 ans et Lobsang Thupten, 31 ans, originaires de Tehor, (district de Dragko (Ch : Luhuo), préfecture autonome de Kardze (Ch : Ganzi), province du Sichuan) avaient participé avec des centaines d’autres personnes à une grande marche de protestation contre les autorités chinoises dans le district de Dragko le 24 avril 2008. En tête de cette marche, des nonnes et des moines du monastère de Palden Chokri.
La manifestation pacifique s’était terminée par des tirs meurtriers de la police armée chinoise, faisant au moins deux morts et plus de dix blessés graves.
Tsewang pense qu’il y a eu probablement beaucoup plus de victimes. “Vers 16 h 30, le 24 mars, une grande marche de protestation menée par environ 150 nonnes du couvent de Ngangong se met en branle à Dragko. La marche est ensuite rejointe par des moines de Palden Chokri et des centaines de civils, principalement des paysans”, explique Tsewang.
Les marcheurs chantaient “Longue vie au Dalaï-lama”, “Chine, quitte le Tibet”, et “Retour de Sa Sainteté le Dalaï-lama au Tibet”. “Plus tard, plus de 300 policiers chinois armés ont ouvert le feu au hasard dans la foule. Ils ont également lancé des gaz lacrymogènes et fait usage de cannes électriques et de matraques métalliques pour réprimer la manifestation. Ces forces chinoises ont frappé sans aucune retenue et sans montrer la moindre pitié. ”Tsewang a été touché par deux fois en essayant d’aider Kunga, un moine de 20 ans du monastère de Chokri, blessé par balle. “Alors que j’essayais de sauver la vie de kunga, j’ai moi-même étais atteint par deux fois. Une balle tirée dans mon dos a traversé mon corps et est ressortie devant, un peu au-dessus de ma taille et une autre a touché mon bras gauche. Je suis tombé quasi inconscient”, raconte Tsewang tout en montrant ses mauvaises blessures aux journalistes présents à la conférence de presse. Son frère Thupten l’a vu tomber sous les balles. Très vite, il réussit à le mener en sécurité à l’aide de sa moto. Konga, le moine de 20 ans et fils de Tashi Gyaltsen, était lui déjà mort. À partir de là, Tsewang a lutté entre la vie et la mort tout en réussissant à ne pas être arrêté pendant un an et trois mois. “C’est mon frère qui a pris constamment soin de moi alors qu’on était toujours en cavale de peur d’être arrêtés”, raconte Tsewang. “On a même passé environ 6 mois dans une famille. On ne pouvait pas rentrer dans notre ville vu que nos noms apparaissaient dans la liste des personnes recherchées par le gouvernement avec une prime entre 15000 et 20000 Yuan (1500 et 2000 €) sur chacune de nos têtes.”
“C’était vraiment un combat entre la vie et la mort pour moi. Comme je ne pouvais pas accéder à des soins médicaux corrects, les blessures par balle ont commencé à pourrir en se couvrant d’asticots et de pus, ce qui provoquait des douleurs insoutenables.” “Ma santé allait tellement de mal en pis que j’ai envisagé de mettre fin à mes jours”. “Et puis l’espoir et la détermination de voir Sa Sainteté le Dalaï-lama et l’envie de raconter au monde extérieur les souffrances endurées par le peuple tibétain sous l’occupation chinoise m’ont rendu plus fort.” “Tout au long du parcours, nous avons été généreusement soutenus par plusieurs familles. Mais je suis avant tout éternellement redevable à mon frère Thupten.”
Questionné par un étudiant américain sur ce que les communautés afro-américaines pouvaient faire pour le Tibet, Tsewang a lancé un appel pour que des “recherches approfondies” soient faites pour mettre réellement en lumière le problème du Tibet.
Lobsang Thupten (gauche) et son frère Tsewang Dhondup
“Je demande à la communauté internationale de soutenir le Tibet en se basant sur la réalité de la situation et à se dégager de l’emprise de l’information partisane émise par la puissante machine de propagande chinoise en Chine et à travers le monde.” “Je demande à la communauté internationale d’aider le Dalaï-lama à retourner dans son pays, le Tibet. Vous pouvez également aider à faire libérer les prisonniers politiques tibétains ainsi que le Panchen-lama, celui reconnu par le Dalaï-lama.”
“Les gens des médias doivent être assez courageux pour aller au cœur des villages tibétains et dans les régions isolées pour évaluer eux-mêmes et de manière indépendante la véritable situation du Tibet sous l’autorité chinoise. Ils doivent entendre les vraies voix du Tibet qui sont si bien bâillonnées par le gouvernement chinois”, insiste Tsewang.
“Le niveau de violence que nous avons dû subir de la part des forces chinoises l’année dernière confirme ce que nous pensons depuis longtemps. La Chine n’a aucun respect ni aucune considération pour la vie et le bien-être des Tibétains”, ajoute Tsewang avec dédain. “Je ne peux même pas m’imaginer comment les Chinois ont pu infliger une telle violence à des manifestants pacifiques l’année dernière. Après ce qu’ils ont fait au Tibet l’année dernière, je peux seulement imaginer la quantité de ressentiment qu’éprouvent maintenant les Tibétains envers le gouvernement chinois.” Les deux frères disent qu’ils ont quitté le Tibet avec la “conviction et l’espoir” d’aider à soulager les souffrances des Tibétains au Tibet. À la conférence de presse, Tsewang et Thupten ont été rejoints par Tsering Gyurmey et Gompo qui avaient pris part à une manifestation similaire à Kardze l’année dernière et qui ont réussi eux aussi à regagner l’Inde la semaine dernière.
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