dimanche 8 mars 2009

Tibet, le combat pour la liberté

Un film à l'occasion du 50e anniversaire de l'exil du dalaï-lama
Lundi 9 mars 2009 à 20.35 SUR FRANCE 5
« Le dalaï-lama a dit un jour que la culture tibétaine disparaîtrait dans quinze ans. Si l'on considère les changements actuels, je pense que tout disparaîtra dans dix ans… » Woeser, célèbre dissidente tibétaine, qui vit en résidence surveillée à Beijing. © Tenzing Sonam
Quel avenir pour les Tibétains, qui célébreront le 10 mars 2009 le 50e anniversaire de l'exil du dalaï-lama ? En suivant le leader bouddhiste et politique au cours de l'année 2008, marquée par les émeutes à Lhassa, la marche pour le Tibet libre et les JO en Chine, ce film apporte un éclairage inédit et varié sur l'histoire, l'actualité et les dilemmes qui divisent aujourd'hui le peuple tibétain. Les images ont fait le tour du monde… En mars 2008, dans les rues en flammes de Lhassa, les Tibétains hurlent leur révolte contre l'oppression chinoise. Les manifestations populaires s'étendent à toute la région. Elles n'ont jamais été aussi violentes que celles survenues en 1959 à l'occasion du dixième anniversaire de l'invasion du Tibet par la Chine. La répression le sera aussi, sinon plus… A quelques mois des jeux Olympiques de Beijing, le peuple tibétain en colère veut rappeler au monde que son problème n'est toujours pas résolu. Au même moment, à Dharamsala, la ville indienne où s'est réfugié le dalaï-lama sur les contreforts himalayens, les cinq mouvements indépendantistes décident d'entamer une grande marche vers les frontières de leur territoire pour rejoindre les contestataires, malgré les risques. Après les échecs réitérés des négociations avec les Chinois, l'action tibétaine a désormais pris le chemin de la radicalisation. Partisan de la Voie moyenne, le dalaï-lama préconise depuis longtemps l'autonomie au détriment de l'indépendance. Une position critiquée qui divise de plus en plus son peuple. Pourtant, la Chine l'accuse d'avoir fomenté la rébellion et d'utiliser ses relations avec les gouvernements occidentaux pour servir la cause de son peuple. Car si Tenzin Gyatso est l'incarnation du quatorzième dalaï-lama, il est devenu par la force des événements le représentant politique d'une nation qui lutte pour recouvrer sa souveraineté.
Une figure charismatique…
Tout au long de l'année 2008, Ritu Sarin et Tenzing Sonam l'ont accompagné au cours de ses déplacements en Europe, aux Etats-Unis et dans sa retraite en Inde. Doté d'un sens de la communication et d'un humour infaillible, sa cote de popularité est de plus en plus élevée. Inlassable messager de la compassion et de la non-violence, il n'a eu de cesse également de dispenser ses enseignements aux quatre coins de la planète. « Je me considère comme un très simple et humble moine bouddhiste, explique-t-il. Evidemment, je suis tibétain… Nous luttons pour nos droits fondamentaux… Nous possédons une longue histoire et notre propre langage… C'est tout à fait logique et raisonnable que nous tentions de le préserver. » En ces mois cruciaux précédant les JO, tous les yeux sont tournés vers l'empire du Milieu et le dalaï-lama poursuit ses efforts pour renouer le dialogue avec le gouvernement chinois. Mais celui-ci fait pression sur les chefs d'Etat pour les inciter à annuler toute visite officielle. Pour la Chine, le Tibet revêt une importance stratégique : territoire immense, ses montagnes contiennent de riches gisements de minéraux. L'argent investi en masse pour développer la région a profité principalement aux colons chinois arrivés par millions. Désormais en minorité et interdits de pratique religieuse, les Tibétains sont conscients que le temps leur est compté. Woeser, célèbre dissidente, vit en résidence surveillée à Beijing : « Le dalaï-lama a dit un jour que la culture tibétaine disparaîtrait dans quinze ans. Si l'on considère les changements actuels, je pense que tout disparaîtra dans dix ans… »
… au service de son peuple
Le peuple meurtri sur la voie d'une contestation de plus en plus radicale. © Tenzing Sonam Face à l'urgence, les dissensions secouent la communauté tibétaine : les partisans de l'action sont prêts à mourir pour leur patrie, tandis que les autres, dans la lignée de leur chef spirituel, condamnent toute forme d'extrémisme. Le pouvoir de rassemblement du moine bouddhiste et leader politique peine à demeurer intact. Cependant, « le dalaï-lama vieillit et le moment approche où il faudra penser à sa réincarnation, explique Woeser. Le gouvernement chinois en a parfaitement conscience et cherche désespérément à obtenir le droit d'approuver le prochain dalaï-lama… » Pour qu'il ne soit plus qu'un instrument politique. Ce qu'il a édicté en décembre 2008… L'avenir du Tibet est désormais en sursis… Anne-Laure Fournier
Les intervenants Tenzin Tsundue, poète et activiste ; Ngawang Woebar, ancien prisonnier politique ; Tsering Shakya, historien ; Woeser, dissidente tibétaine ; Robert Barnett, directeur des études tibétaines ; Jiang Yu, ministre des Affaires étrangères chinois ; Jamyang Norbu, activiste pro-indépendant ; Matthieu Ricard, moine et interprète du dalaï-lama ; Dolma Gyari, députée tibétaine du Parlement tibétain en exil ; Lhadon Tethong, porte-parole des étudiants pour le Tibet libre ; Samdhong Rinpoche, Premier ministre du gouvernement tibétain en exil ; Jigme, moine torturé et disparu ; Shingza Rinpoche, réincarnation de lama ; Wang Lixiong, écrivain dissident.

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