L’événement était attendu depuis le début du siècle dernier par les pionniers de la communauté chinoise péi. Cette fois, l’existence d’un consulat de Chine à la Réunion est acquise. Son consul général Zhang Guobin fera son entrée demain. Il faudra encore quelques mois pour rendre opérationnelle cette représentation officielle de l’Empire du Milieu.
L’effervescence d’un anniversaire de Guan Di, particulièrement réussi, continue cette semaine au sein de la communauté chinoise de la Réunion. Et notamment à travers la fédération des associations, FAC, dont le président et le secrétaire général, Jerry Ah-He Ayan et Guy Siew s’apprêtent à orchestrer demain l’arrivée d’une personnalité que plusieurs générations d’immigrants et de leurs héritiers ont attendu patiemment. Il s’agit de l’installation dans l’île du premier consul de Chine et du second en territoire français, Tahiti ayant précédé la Réunion de deux années malgré une demande ultérieure à notre petite France de l’océan Indien. Un intérêt géopolitique et économique plus gratifiant pour le gouvernement chinois, décidé à la suite des accords signés par Jacques Chirac lors de sa dernière visite présidentielle en Chine (2006). Des accords portant sur une centaine de points précis dont l’ouverture consulaire réciproque entre Shenyang (capitale de la province de Liaoning, située quasiment à la frontière sino-russe) et Saint-Denis de la Réunion, comme entre la ville de Wuhan (province du Hubeï) au cœur du pays et Papeete, en Polynésie. Cette dernière a été inaugurée il y a deux ans et le volet sino-réunionnais est en passe d’aboutir lui aussi, correspondant à un souhait manifesté de longue date.
CHAMBRE DE COMMERCE CHINOISE EN PRÉFIGURATION
Guy Siew raconte la génèse de ce qui figure une véritable aventure : “L’idée de disposer à la Réunion d’un consulat chinois ne date pas d’hier. Elle émergeait déjà à l’époque de la chambre de commerce chinoise qui faisait en fait office de consulat, pour assister les primo arrivants ne connaissant ni le français ni les arcanes de l’administration. Sa création a été l’œuvre de Akwon Lawson, aïeul de celui qui devait fonder le Prisunic proche du “Petit marché” dionysien. La Chambre de commerce chinoise résultait du besoin des uns et des autres de maintenir un lien avec la mère patrie qui était la leur”, explique le secrétaire général de la FAC Réunion, en soulignant que les immigrants pensaient passer ici quelque temps pour mieux repartir chez eux ,forts d’une nouvelle expérience au-delà des mers. “Seulement les événements exogènes, comme la guerre civile puis la Révolution dans leur pays d’origine, a dissuadé tout le monde de rentrer.” La diaspora s’est donc installée sans pour autant que les choses soient faciles pour eux, avant que de Gaulle ne reconnaisse la Chine. “Et la nécessité de voir ici exister un consulat ,pour régler justement les problèmes administratifs qui pouvaient se poser, s’est ravivée quand la mention “Chambre de commerce” hors de la structure économique institutionnelle fut interdite par le droit français. La chambre chinoise est alors devenue association des commerçants et des cadres chinois, restant le partenaire privilégié de la communauté pour toute question de traduction, d’information et autre formalités.”
LA RÉGION FLATTE LE DRAGON
Mais avec les années, l’ouverture et la reconnaissance de la Chine par la France aidant, le souhait manifesté par les aînés s’est transformé afin d’optimiser les liens à caractère essentiellement économiques. “Le Terrain des Aiglons, rue Sainte-Anne, a été acheté en 1945 par l’association. Et ceux qui ont contribué à cet investissement ont alors formulé le vœu que le lieu devienne un jour le siège de la future délégation diplomatique de la Chine, ce qui atteste de la précocité du projet renforcé il y a une vingtaine d’années par nos “vénérables” d’aujourd’hui, alors en pleine activité”, confirme Guy Siew. Quand on lui demande comment et par quelle magie les choses ont pu aboutir, l’intéressé rétorque : “ C’est grâce aux relations établies ces dernières années entre la Région Réunion et la Chine. Avec la SR21 notamment, qui a permis que soit signée une plateforme d’accords avec les autorités chinoises. La ville de Tianjin, proche de Pékin, a été choisie comme référent, avec demande d’ouverture d’un consulat. Avant qu’il ne préside aux destinées de l’IRT (Ile de la Réunion Tourisme), Pierre Vergès imaginait que la libéralisation de la Chine puisse optimiser les sorties touristiques des ressortissants chinois et qu’un consulat facilite le développement du tourisme avec l’Empire du Milieu dans notre région, tout en sachant que les choses sont assez compliquées ici, avec l’étranger, en l’absence de l’application chez nous de la convention Schengen.” Le rêve restait donc entier. Mais peu à peu il devient réalité, constate l’émissaire de la communauté chinoise en évoquant sa rencontre en 2006 avec l’ambassadeur de Chine en France, Zhao Jinjun, qui avait personnellement pris l’engagement de faire avancer le dossier de l’ouverture d’un consulat. Engagement confirmé en octobre de la même année par l’accord signé entre les présidents chinois et français. L’installation du consul général Zhang Guobin fraîchement nommé, le concrétise ces jours-ci
Marine Dusigne
De l’Hôtel d’État au consulat
Avant d’être nommé consul général de la Chine à la Réunion, Zhang Guobin occupait les fonctions de directeur adjoint de l’Hôtel d’État de Diaoyutai, à Pékin, qui n’est autre que le lieu de résidence privilégié des hôtes du gouvernement chinois. Un haut lieu de diplomatie s’il en est. Le consul général qu’il est devenu ne devait rien laisser filtrer de sa nouvelle mission à l’étranger qui serait, nous dit-on, très convoitée au sein du gouvernement. Le consul arrivera accompagné, dans un premier temps, de son assistant Ni Jiannan. Dix-neuf collaborateurs devraient ensuite le rejoindre à la Réunion dans les mois qui viennent, une fois le site de l’ambassade choisi, investi et sécurisé aux normes qu’exige toute installation diplomatique chinoise. Il convient de trouver le lieu idéal et commun pour accueillir à la fois bureaux et appartements de chaque membre du consulat, sans colocataires ni propriétaires dans l’entourage immédiat des représentants de la Chine. L’accueil du consul qui arrive demain matin par le vol Air France de 9 h 50 sera accompagné par un comité organisé par la FAC Réunion. Avec probablement quelques lions sauteurs et danseurs bien rodés pour investir le hall de l’aéroport.
cf. le site du Conseil régional en février 2009
http://www.regionreunion.com/fr/spip/spip.php?article2070
http://www.regionreunion.com/fr/spip/consult_communiques.php3?id_article=2066
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