Appel de Samdhong Rinpoche, ancien premier ministre du gouvernement tibétain en exil et proche du Dalaï-lama
PARIS / MAIRIE DU XI SALLE DE PRESSE, 9 mars 2012
Marie-Lucile Kubacki - publié le 09/03/2012
Samdhong Rinpoche, ancien premier ministre du gouvernement tibétain en exil et proche du Dalaï-Lama, lance un appel à l'aide internationale à l'occasion de sa visite à Paris. Nous l'avons rencontré.
Samdhong Rinpoche, ancien Premier ministre du Tibet © Raveendran / AFP
C'est l'ancien n°2 du gouvernement tibétain en exil, un acteur majeur de la démocratisation des institutions tibétaines. Venu à Paris pour les commémorations du 10 mars 1959, jour de l'insurrection du peuple tibétain en réaction à l'invasion chinoise, Samdhong Rinpoche, ancien premier ministre du gouvernement tibétain, a lancé un appel à l'aide internationale. Compagnon d'exil du Dalaï-lama, il sera présent en France jusqu'au mardi 13 mars. Il nous a reçu dans un bureau de la mairie du XIè arrondissement, où il a été accueilli par le député maire Patrick Bloche, vice-président du groupe d' études de l'Assemblée Nationale française sur le Tibet.
Aujourd’hui, 10 mars 2012, quelle est la raison de votre présence en France ?
Je suis venu à l’invitation de mon ami, Sungjang Rimpoche pour travailler sur les enseignements de Sa Sainteté… Nous célébrons aujourd’hui le Rimay Monlam, journée de prière pour les gens qui souffrent. Je me suis retiré de la vie politique, aussi je vais m'exprimer en tant que citoyen tibétain. Je lance un appel à la communauté internationale. Un appel au secours pour que le monde prenne conscience de la situation au Tibet.
Comment la communauté internationale peut-elle vous aider ?
Je n’ai pas à lui dicter ce qu’elle a à faire ! C’est à chaque homme de voir comment il devrait réagir, aider… Nous sentons bien que dans ce monde post-moderne, l’argent est devenu la première valeur de l’humanité. C’est pour cette raison que face à la Chine, personne n’ose lever le petit doigt, ne serait-ce que pour poser une question. L’ensemble du monde est gouverné par la peur et la cupidité.
Pourtant, l’opinion publique est ralliée à votre cause…
Nous sommes reconnaissants aux gens ordinaires qui nous manifestent leur soutien et leur sympathie mais ils n’ont pas le pouvoir. Les gouvernements, eux sont relativement insensibles et le Tibet n’est malheureusement pas le seul concerné par cette complaisance face aux dictatures. Si le gouvernement chinois réussit à se maintenir en place, c’est grâce au soutien politique et économique des démocraties occidentales. Sans ce soutien, il se désintégrerait !
Chaque année, la répression chinoise s’intensifie aux alentours de cette date anniversaire. Qu’est- ce qui a changé cette année ?
La répression a commencé à devenir plus violente en 2008 car les Tibétains s’étaient davantage mobilisés à l’approche des Jeux Olympiques de Pékin. Depuis, c’est l’escalade : plus la répression se durcit, plus la résistance augmente, plus les forces chinoises en profitent pour réprimer le peuple tibétain. Depuis 2011, c’est de pire en pire : 26 personnes se sont immolées.
En tant que chef religieux, comprenez-vous que l’on puisse se supprimer pour une cause ?
Je ne peux condamner l’immolation même si, comme le Dalaï-Lama, je ne l’encourage pas : ceux qui s’immolent le font parce qu’ils y sont forcés, parce qu’il n’existe plus aucune autre issue pour vivre dignement, en paix avec sa conscience. Au Tibet, la vie est devenue impossible, insupportable, aussi j’admire le courage et la détermination de ces gens. En tant que bouddhistes, nous avons obligation de respecter le principe de non-violence. Ceux qui s’immolent ne blessent pas l’oppresseur chinois. Ils choisissent de prendre la souffrance sur eux-mêmes pour ne pas la tourner vers l’extérieur.
Face à tant de violence, que veulent les jeunes tibétains aujourd’hui : l’autonomie, comme le demande le gouvernement en exil en accord avec le principe d’autonomie inscrit dans la constitution chinoise ? Ou l’indépendance ?
Il n’y a pas de règle générale. La seule chose sur laquelle tout le monde s’entende, c’est que le Dalaï-Lama ait le droit de rentrer au Tibet. Ensuite, beaucoup veulent la liberté, mais la liberté ça peut recouvrir l’autonomie ou l’indépendance. Très peu de gens demandent l’indépendance à proprement parler. Ils réclament le respect des droits de l’homme et la liberté religieuse.
En Chine, la situation des chrétiens est également préoccupante…
Évidemment! Le gouvernement communiste considère que la religion est l’opium du peuple. Les chrétiens ne font pas exception. Les bouddhistes et les taoïstes étant majoritaires, ils ont été la première cible. Ensuite, la répression s’est étendue aux chrétiens et aux musulmans.
Recevez-vous de l’aide de la part des communautés chrétiennes ?
Depuis longtemps, les chrétiens fournissent une aide matérielle aux chrétiens de la diaspora en Inde, dans les domaines de l’éducation et de la santé notamment.
Le 10 mars 1959, l’armée chinoise réprimait l’insurrection du peuple tibétain, provoquant la fuite du Dalaï-Lama et la vôtre à quelques jours d’intervalle. Quels souvenirs gardez-vous de cette semaine où votre vie et celle du Tibet ont basculé ?
Dans mon monastère, les choses semblaient paisibles… Mais le 20 mars, aux alentours de minuit, les bombardements ont commencé sur le palais du Dalaï-Lama, le Norbulinka. A quatre heures du matin, il ne restait plus rien du palais. Les gens avaient été massacrés. Alors, avec les autres moines, nous avons décidé de nous enfuir. Quand le matin s’est levé, nous nous sommes mis en marche vers la montagne qui se trouvait à côté du monastère et nous avons pensé que le Dalaï-Lama aussi avait dû partir vers l’Inde. Il était effectivement parti quelques jours plus tôt, le 17 mars...
Prochains rendez-vous avec Samdhong Rinpoche...
Samedi 10 mars 2012 de 9H30 à 13H
1ère journée du RIMAY MONLAM 2012 avec Samdhong Rinpoché, au Grand Auditorium de l’Espace Saint-Martin, 199 rue St-Martin, 75003 Paris. Journée dédiée à la Paix universelle et plus particulièrement aux communautés de pays tels que le Tibet, la Chine, le Vietnam, la Mongolie, le Cambodge, le Sri Lanka et la Birmanie, qui ont subi des persécutions atroces ces dernières décennies.
Dimanche 11 mars 2012 de 10H à 17H
2ème Journée du RIMAY MONLAM 2012 avec enseignements de Samdhong Rinpoché, au « Jardin des Accomplissements spontanés », monastère de S.E. Sungjang Rinpoché en vallée de l’Eure, Journée dédiée à la responsabilité universelle ;
Mardi 13 mars 2012 à 18H
Conférence de presse de Samdhong Rinpoché à l’invitation du Groupe d’information Tibet du Sénat, sur le thème de l’engagement pour la responsabilité universelle dans la vie politique.
http://www.lavie.fr/religion/bouddhisme/l-ancien-premier-ministre-du-tibet-lance-un-appel-a-l-aide-09-03-2012-25026_21.php
Secretary
Bureau du Tibet
84 Boulevard, Adolphe Pinard
75014 PARIS
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