Rassemblement pacifique au Barachois

France Tibet Réunion appelle à un rassemblement pacifique le samedi 17 mai.
Ce rassemblement a pour but de manifester notre solidarité avec les tibétains. Il a pour but de manifester notre amitié au peuple chinois. Et il a pour but de témoigner et d’expliquer. Car nous pensons que c’est en comprenant, et en analysant les causes de ce drame que peuvent émerger des solutions .Comme l’a exprimé à maintes reprises le Dalaï Lama, essayons de créer les conditions d’un mouvement pour le dialogue et l’explication. La bonne réponse n’est pas celle du rejet de l’autre, ni celle de l’angélisme, c’est celle de l’intelligence.

Les Faits historiques sont connus.
La Chine occupe militairement le Tibet depuis 1950 .Une raison majeure relevée par la commission sénatoriale française sur le Tibet saute aux yeux : le grand Tibet historique représente 43 % du territoire chinois et les Tibétains (5 millions) seulement 0,4% de la population chinoise. D’autres raisons s’ajoutent à la colonisation : la richesse des matières premières (minerais rares, réserve d’eau mondiale, balcon géostratégique sur l’Inde etc.). La Chine a investi économiquement au Tibet dans les transports, l’énergie l’éducation, la santé, les télécommunications. Même modeste, le niveau de vie des tibétains progresse régulièrement. Mais ce développement matériel se fait sans égard pour la civilisation tibétaine qui est brimée et son environnement naturel et culturel dévasté. Les droits élémentaires de pensée, de déplacement, de réunion sont déniés. La pratique religieuse et les vocations monastiques sont découragées, la délation est entretenue, le contrôle policier reste omniprésent. L’insubordination se paye de la prison, parfois à vie, dans des conditions de souffrances inhumaines. Néanmoins, depuis bientôt 60 ans, la résistance opiniâtre et pacifique des tibétains se poursuit. A la question pourquoi une telle rage de détruire que n’imposent même pas les nécessités de la colonisation répond une autre question. Pourquoi les Tibétains manifestent-ils un tel acharnement et une telle opiniâtreté inflexible à sauver cette culture ? Répondre à une question c’est répondre à l’autre : elles sont les deux faces d’une même incompréhension radicale.

Le Tibet est devenu un conservatoire vivant du bouddhisme après qu’il ait disparu d’Inde et de Chine. Il s’est forgé au Tibet une civilisation originale faite d’une langue, d’un art pictural, d’une musique, d’une sociologie religieuse érémitique et monastique. Au cours des siècles, le Tibet a établi un leadership spirituel sur les cours mongoles, puis chinoises. Le bouddhisme tibétain, depuis son origine, est fondé sur l’art du commentaire et une aptitude à la controverse dialectique. Chaque être portant en lui la nature de bouddha, c’est par l’introspection, la méditation, la ritualisation symbolique, la projection mentale qu’il peut aller vers l’éveil, sous la conduite d’un guide (Maître spirituel, Karmapa, Dalaï lama) .Cette démarche consacre des concepts comme l’interdépendance, l’impermanence et la tolérance qui font que toute vérité terrestre n’est que relative.
Ces valeurs privilégient l’être spirituel sur l’avoir matériel. Sans cette liberté d’être, la civilisation tibétaine meurt. Cette spiritualité individuelle est incompatible avec un contrôle collectif des esprits. Ses valeurs s’accordent mal avec celles qui ont été prônées tant par le communisme que le capitalisme : prééminence de la technologie, de la réussite économique, de l’exploitation de l’environnement, de l’enrichissement individuel.
Au moment ou l’Occident matérialiste, lassé de ses propres excès qui le détruisent, découvre cet héritage comme une fontaine de jouvence retrouvée, la Chine moderne, qui a plus hérité du confucianisme que du taoïsme, voit dans cette forme d’esprit et de valeurs une forme d’arriération mentale et un obstacle au progrès. Et tout est bon pour l’éradiquer : la répression, l’acculturation, la folklorisation et même…les réincarnations décidées par le parti ! Les deux formes de pensée sont vécues de manière antagoniste: contrôle des esprits et matérialisme d’un côté jugés nécessaires au bien collectif, liberté intérieure et idéalisme de l’autre nécessaires à la libération individuelle. Si le triomphe de l’une entraîne la destruction totale de l’autre, toute négociation devient un simulacre : c’est le cas depuis 10 ans.
Le Tibet mythique et féodal a vécu. Celui de demain que le Dalaï Lama tente de préfigurer à Dharamsala conciliera la modernité et la recherche spirituelle. Mais la Chine de demain, aussi, sera différente. Une fois passée l’époque du nationalisme exacerbé, et la fierté de la puissance et de la gloire retrouvées, la Chine va découvrir que la vocation des courbes économiques n’est pas de grimper au ciel. De nombreuses voix d’intellectuels chinois commencent à se faire entendre. Le développement économique durable, dont elle va avoir l’impérieux besoin, ne peut se faire sans développement démocratique.
Le Tibet n’est pas une affaire intérieure chinoise. D’abord parce que les peuples de l’exode appartiennent à tous les pays. Ensuite, parce que cette civilisation, préservée par son isolement géographique nous est parvenue quasiment intacte au 20 siècle comme un trésor spirituel que nous ont légués les siècles passés. Elle appartient au patrimoine mondial de l’humanité. Nous sommes tous redevables de sa préservation.

Que pouvons-nous faire à La Réunion pour faire avancer la compréhension mutuelle entre chinois et tibétains qui font partie du même pays ?
- affirmer haut et fort que la liberté de conscience est un droit imprescriptible de tout être humain
- soutenir toute tentative d’autonomie du Tibet conformément aux statuts de la République Populaire de Chine, en assistant les parlementaires Français et Européens qui œuvrent dans ce sens
-assurer le peuple chinois de notre amitié et demander à la communauté réunionnaise d’origine chinoise de faire prendre conscience aux Chinois du trésor spirituel dont ils ont la garde et la responsabilité
- inciter les maires de l’Ile comme ceux de 500 communes en France et des milliers dans le monde à hisser le drapeau tibétain au fronton de leurs mairies
- promouvoir toute initiative (conférences, visites, publications, concerts etc..) qui aura pour but de mieux faire connaître le Tibet

A la veille de l’installation d’un consulat chinois à La Réunion, ce dont nous nous félicitons, ce rassemblement est aussi l’acte fondateur de France Tibet Réunion qui invite toutes les Réunionnaises et tous les Réunionnais soucieux de préserver les Droits de l’Homme et la liberté spirituelle à participer à cette marche de rassemblement et de fondation.